Il était un village où, sous un toit brillant,
Rongé d’une avarice aussi laide qu’infâme
Un homme vivait bien, sans chérubin , ni femme
Et gaspillait son temps à paraître éclatant.
Qu’il eut été en or, en bronze ou en argent
L’objet dans sa lumière avait plus d’importance
Que l’Amour du prochain, sans grande consistance.
Ainsi allait sa vie : il méprisait les gens.
Cependant une nuit changea ses habitudes :
Le sort lui réserva quelques vicissitudes…
De remords il fut pris, lorsque grand égoïste
A sa table, tout seul, sans honte il festoyait,
Alors que de sa vitre au dehors il scrutait
Un homme famélique appeler d’un air triste.
Il se dit je vais donc proposer la pitance
A ce vieillard hideux aux allures de squelette.
Il entre-ouvra la porte empli de repentance
Et tendit brusquement à ce pauvre une assiette.
"-Je préfère mourir de faim ou de fatigue,
Plutôt que d’accepter vos élans de pitié :
Souvenez-vous des soirs où vous meniez l’intrigue
Plutôt que de sauver vos restes d’amitiés !"
Les mots de ce vieux sage étaient d’une violence
Étonnamment puissante, emplis de vérité:
Notre homme resta coi, figé de gravité,
Se demandant alors la fin de l’opulence.
Des deux hommes ce soir, quel était le plus digne ?
Lequel avait compris le sens de la richesse ?
Le premier sans échoir se rêvait en altesse
Tandis que le second irradiait tel un cygne.
Le paraître parfois floute nos jugements
Orientant nos desseins sans vivre fièrement.