Intuitions

Ce n’est pas tous les jours que l’on sent naturels
Les mots et les regards qu’une femme vous porte
D’autant quand la prunelle ardente et toute accorte
Confère à cet instant un charme intemporel.

Ce n’est pas tous les jours que l’on croise une étoile
Qui berce nos journées d’une voix envoûtante
Et caresse nos nuits d’étreintes haletantes
Comme un peintre à la main composerait sa toile.

Ce n’est pas tous les jours qu’un désir sans limite
Comme un verre sans fond invitant à l’ivresse
Prend racine en notre être en grand flots d’allégresse
Et bouillonne avec force en l’intime marmite.

Ce n’est pas tous les jours que l’on se sent bâtir
Des châteaux d’arcs-en-ciel, secrets plein de magie,
Qui,les soirs d’ouragans nous donnent l’énergie
De se réjouir alors du temps qui fait pâtir!

C’est encore moins souvent qu’un millier de détails
Nous troublent sans raison et en constellations
Éclairent chaque jour sans affabulation
La vie qui trop souvent nous meut dans des batailles…

Une larme

Je souffre de ne pas pouvoir laisser aller
Mes sentiments vers celle auprès de qui je veux
Dédier tout mon temps et exposer mon vœu
De vivre à ses côtés sans alors l »affoler.

Elle a peur de mon être et de ses envolées
Lyriques lorsque j’ai le besoin de la voir
Mais j’aimerais pourtant, entier, ne pas avoir
A freiner mes ardeurs au lieu de convoler.

Une larme a coulée de mes yeux médusés
Ce soir où maladroit je vins pour la surprendre,
Une larme a coulée : j’étais désabusé
Lorsqu’elle n’a voulu accepter mes mots tendres…

De nos vies

Durant ces six années, je t’ai porté aux nues
De mon cœur tu étais la gardienne sacrée
Nos moments partagés aux doux reflets nacrés
De bonheurs nourrissaient ma vie en continue.

D’abord je t’ai connue, femme forte et fragile
A la fois, sur ta peau, la fleur de ton passé
Déposait son vertige et tu te surpassais
Au fil de nos saisons modelant notre argile.

La Nature en ton sein t’offrit ses mille charmes :
Un éclair de génie éclaira ton esprit
La Beauté sans pudeur t’ouvrit ses draperies
Et de la Volonté tu recueillis ses armes.

Nos vies se confondant nous vivions harmonieux,
Apprenions à aimer pour notre vraie nature
Déposant nos envies sur notre conjecture
Nous construisions ensemble un avenir radieux.

Cent fois nous avons dit la force de nos liens,
Cent fois le ventre noué nous pensions à l’autre,
Vibrant pour une étreinte à vouloir la vie notre
Nos cœurs ne voulaient croire aux effrois cartésiens.

Nos proches nous disaient former un beau duo,
La famille appréciait être à notre contact :
Nos joies avaient alors à leurs yeux un impact
Et nous resplendissions aux sons de leurs échos.

Accroître nos savoirs, toucher la connaissance,
Abreuver nos esprits de lectures savantes
Elever nos milieux aux personnes brillantes :
Nous formions par l’esprit une éclatante alliance !

Aux portes de nos vies la faute est survenue :
Cette faute sournoise inscrite dans ma chair,
Qui m’a fait perdre alors l’être qui m’était cher
Je la regrette encore : quel acte saugrenu !

Parfois la mécanique échappe à tout humain
Et la complexité des forces en présence
Assombrie l’énergie, jusqu’à même l’Essence
Où un acte mauvais s’y nourrit assassin.

Se perdre et puis renaître avec plus de panache
Tel un Phoenix ardent rejaillir des eaux troubles,
Laver toute blessure et les soigner en double
Pour raviver enfin les couleurs des attaches,

Il faut savoir déjouer les pièges de la vie,
Dépasser la souffrance immense qui nous ronge
Réapprendre sans doute à plonger dans un songe
Où le plus beau alors est de donner envie.

Au carr’four de nos vies

Au carr’four de nos vies
Où les visag’ se croisent,
Les trajectoir’ dévient
Et l’horizon nous toise,

Les corps fragil’ se frôlent
Lourds grains de sablier,
On jette à terre les rôles
Que l’on veut oublier;

Les soleils se confondent
Dans un ciel obscurcit,
La lune est plus profonde
Et le cœur se durcit;

Le flou telle une brume
S’abattant sur l’esprit
Nous inspecte et puis hume
Nos rêves incompris;

De multiples lumières
Disparaissent, reviennent,
Comme un phare en lisière
D’un abyssal bestiaire;

Les vagues d’émotions
S’agitent bruyamment,
Fracturant les notions
Solides des amants.

Et dans ce grand fracas
Un geyser de désirs,
Balayant nos tracas,
Jaillit pour nous saisir!

Hors du temps

C’était un soir d’automne où l’air frais voyageait
Un grand tapis cuivré recouvrait les trottoirs
Les lumières dorés du grand hall de la gare
Étourdissaient mon cœur impatient et léger.

Tu étais là, enfin, mes yeux te retrouvaient,
Charmante et réservée comme à ton habitude,
Ton baiser traduisait nos lots d’incertitudes,
Mais qu’importe j’avais envie de nous rêver.

Nous prenions le tramway, tu nommais mon désir !
Sur le chemin, les Ducs, nous saluaient brillamment
Comme pour révéler que sous le firmament
La ville à tes côtés ne faisait que grandir…

J’avais pour ton accueil au cœur de notre alcôve
Imaginé des fleurs, hôtesses parfumées,
Quelques doux chocolats que tu me dis aimer
Mais aucun numéro où l’on montre les fauves…

Fenêtre sur le monde à regarder Marseille,
Dans les bras l’un de l’autre allongés sur le lit
Nous goûtions enfantins, simplement de la vie
Un instant quotidien affublé de merveilles.

Nous discutions de tout et ce n’était pas rien,
Nous reconstituions les pièces d’existence
Dont nous n’avions encor’ pas la moindre conscience :
Le moment peu à peu devenait aérien.

Et tu as accédé alors à ma demande :
Figer pour moi le temps pour mieux se dévoiler,
Oublier les carcans, ensemble s’envoler
Vers l’horizon troublant où rien ne se commande.

Mon être vacillait découvrant ton trésor
Et La confiance alors écrasait ta pudeur ;
Tous tes mots de plaisir me faisaient grand honneur
Lorsque j’abandonnais mes lèvres à ton corps.

Jamais une minute a été aussi belle
Et je te remercie de l’avoir fait durer :
Car gravée dans ma chair je puis te l’assurer
Elle est pour moi bien plus que simple bagatelle.

Femme…

Allongé sur un lit je désire surprendre
Une bouche féline et des seins alarmants,
Si doux et si fiévreux qu'en poète, en amant,
Langoureux je pourrais avec passion te prendre

Ah ! La folie me guette et toi femme sublime
Soleil de mes désirs je martèle ton cœur
En posant sur ta peau mes caresses de fleur,
Jouant obstinément le jeu des sensuels mimes…

L'ascension périlleuse en direction des cieux
Me rappelle instamment l'Olympe des plaisirs
Et en aventurier je gravis, audacieux,
Le sommet de la douce embaumé de désirs.

L'objet de tentations empli d'excitation
Éveille tous tes sens et provoque en ton corps
L'explosion virginale, source d’exaltation,
Récompense infinie des intenses efforts…

Un cocon de bonheur étouffe nos ébats,
Et toi, femme enchantée tu m'offres ton sourire,
Gage d'éternité et de coquins plaisirs :
A jamais tu seras l'élue de mes débats…

L’expédition

Humaine l’aventure a bien plus de piment
Que chasser un trésor, enfoui dans l’Alaska.
C’est le cœur qui s’emballe aux rythmes fous du ska,
C’est l’espoir de se dire bien plus que des amants.

Pénétrer la forêt des questions incertaines,
Explorer les lagons, changeants, de l’avenir,
Dompter tous les remous de la mer des désirs :
Voilà qui promet d’être un sport de longue haleine !

Chasser de son esprit les démons du passé,
Gravir marche après marche un temple d’ignorance,
Apprendre à découvrir les ressorts de l’enfance :
Voilà autant d’efforts qu’il nous faut dépasser.

C’est alors seulement que l’on peut toucher l’or :
Ce silence assumé du profond de l’iris,
Ce calme bienfaisant où l’autre est un calice
Dans lequel on peut boire et prendre son essor.