Nuit charnelle

Le désir était là, au creux de nos deux corps,  
Nous tremblions, serrés, de plaisir sous nos peaux
Et les quelques bougies qui tenaient de décor
Dans nos yeux reflétaient la force du propos.

Caresses et baisers nous liaient dans l'intime
Et nos regards fiévreux traduisaient le transport
Que notre union pourrait dans ce moment sublime
Installer en nos cœurs jusqu'aux cieux de l''aurore.

Nos courbes étendues enfin se confondaient
Nos pouls s'accélérant, l'ivresse de l'étreinte
En ses frissons charnels de vie nous inondait
Et le bonheur alors n'était plus hors d''atteinte.

Purgatoire bleu

Abjectes tentations, ostracismes terribles,
Maux de toute raison emplis d'humanité
Caresses du coquin, débits de vanité :
Vous vous jouez de nous, taquinez l'admissible,
Abjectes tentations, ostracismes terribles.

Espérance douteuse ayant goût de l'amer,
Paradis escompté lors de frêles balades
Au clair de la gaîté à l'abris de brimades :
Tu n'es que tromperie, tous les doutes d'Homère !
Espérance douteuse ayant goût de l'amer.

Substitut d'équilibre empreint d'ignominie,
Univers d'avatars abolissant les lois,
Tu dévores mon cœur d''un profond désarroi,
En terrible rapace au fond tu créés ton nid,
Substitut d''équilibre empreint d''ignominie.

Destinées de misère embellies de mensonges,
Avenirs incertains aux troublantes allures :
La fantaisie se meurt en vos biens tristes murs,
Se trouve emprisonnée par les maux qui la rongent
Destinées de misère embellies de mensonges…

Gonflé de vanité, paysage de fous,
Tu laisses résonner les sons de ton orgueil
Et l’écho distendu de ces âmes en deuil,
T’accable à l’infini pour ton fléau le sou,
Gonflé de vanité, paysage de fou.

Le crépuscule hideux qui trône sur ce monde
Effraie d'hypocrisie nos pitoyables cœurs,
Qui sous le nom d'amour font passer nos ardeurs,
Alors qu’ils glorifient en solitaires rondes
Le crépuscule hideux qui trône sur ce monde…

Au-delà

Aux abords de la ville un vieillard croupissait.
Alors que dans le froid son cœur s'assoupissait,
Un passant qui le vit lui proposa de l'aide.
Mais trop tard, car son corps, de glace était tout raide…

Les yeux de cet ancêtre étaient d’un bleu glacial
Et l’homme qui debout observait ce corps blanc
D’une larme arrosa le lit qu’était son banc :
Pour toujours il quittait le Monde où tout fit mal…

Ce sage en son repos commençait un voyage
Que nul autre en sa chair n’aurait pu supposer…
La lumière embaumait ses peaux décomposées
Pour ainsi le guider vers un autre rivage.

Au gré du vent céleste il redevint jeune homme,
Retrouvant au hasard des magies sidérales
Les femmes qui jadis aux forêts domaniales
Offraient à ses baisers les douceurs de leurs formes

Il avait oublié sa profonde misère,
Des actes humiliants son âme était lavée
Et jamais, plus jamais, il n’irait à la guerre :
La paix serait en lui comme il l’avait rêvée !

Serein, contemplatif, il jugeait du décor :
Ses yeux sur les beautés de leur bleu murmuraient
Qu’aux portes de l’Eden le silence est trésor
Pour qui sait être heureux du futur qu’il n’avait.

Des anges et des Saints l’accueillaient cœurs ouverts
Et son esprit soudain, de joies fut envahit,
Laissant ses sentiments jouer à découverts
Et rencontrer enfin le Divin, ébahis.

Aux abords de la ville un vieillard sommeillait
Alors que dans le froid son cœur s’ensoleillait.
Un passant qui le vit comprit tout son bonheur,
Et jamais il n’aurait de la mort quelque peur.

Quatre-vingts ans

Un doux matin de juin tu t’éveilles et tes sens
Invoquent le printemps comme unique saison :
Les années de ta vie raisonnent en jolis sons
Et forment réunies, ton cœur, ton existence.

Radieuse à midi, tu embrasses tes proches,
Les étreins chaudement pour exprimer ta joie ;
Et de sagesse emplie tu leur montres la voie
De l’amour véritable aussi fort que la roche.

L’odeur des souvenirs, l’après-midi t’embaume,
Elle est là pénétrante et t’emporte au soleil
Comme pour rappeler la somme de merveilles
Gravée à tout jamais dans le creux de tes paumes.

A la tombée du jour, l’horizon mystérieux
Te laisse présager à travers ses couleurs
De l’avenir heureux, arc-en-ciel de bonheurs,
Décor paradisiaque où tu remercies Dieu.

Le soir alors nourrie d’un bien-être authentique
Sur ta couche sereine à tes quatre-vingts ans
Le goût de ta jeunesse en bouquets occitans,
Te berce lentement vers des rêves magiques.

Femme…

Allongé sur un lit je désire surprendre
Une bouche féline et des seins alarmants,
Si doux et si fiévreux qu'en poète, en amant,
Langoureux je pourrais avec passion te prendre

Ah ! La folie me guette et toi femme sublime
Soleil de mes désirs je martèle ton cœur
En posant sur ta peau mes caresses de fleur,
Jouant obstinément le jeu des sensuels mimes…

L'ascension périlleuse en direction des cieux
Me rappelle instamment l'Olympe des plaisirs
Et en aventurier je gravis, audacieux,
Le sommet de la douce embaumé de désirs.

L'objet de tentations empli d'excitation
Éveille tous tes sens et provoque en ton corps
L'explosion virginale, source d’exaltation,
Récompense infinie des intenses efforts…

Un cocon de bonheur étouffe nos ébats,
Et toi, femme enchantée tu m'offres ton sourire,
Gage d'éternité et de coquins plaisirs :
A jamais tu seras l'élue de mes débats…

Tentations

Il est des continents parfois inaccessibles,
Des forts si bien gardés que l'on n'y peut entrer,
Des édens oubliés aux beautés indicibles,
Mais la femme a de tous le plus fort des attraits.

Il est des volontés que l’on doit respecter,
Des songes interdits qui restent en suspens,
De puissantes envies de lèvres humectées
Que la femme inconsciente impose à nos dépends.

Pour nous désorienter parfois sonne le cor,
Il embrouille nos sens, aveugle notre esprit :
Se jouant du désir qui naît dans notre corps,
La femme est dans son tout bien plus que ses parties.

La femme est aux confins de toute convoitise.
Le plaisir de son corps sans aucune limite.
Et l’homme en l’ignorant prouverait sa bêtise
Tant il est amateur de liaisons interdites.

L’expédition

Humaine l’aventure a bien plus de piment
Que chasser un trésor, enfoui dans l’Alaska.
C’est le cœur qui s’emballe aux rythmes fous du ska,
C’est l’espoir de se dire bien plus que des amants.

Pénétrer la forêt des questions incertaines,
Explorer les lagons, changeants, de l’avenir,
Dompter tous les remous de la mer des désirs :
Voilà qui promet d’être un sport de longue haleine !

Chasser de son esprit les démons du passé,
Gravir marche après marche un temple d’ignorance,
Apprendre à découvrir les ressorts de l’enfance :
Voilà autant d’efforts qu’il nous faut dépasser.

C’est alors seulement que l’on peut toucher l’or :
Ce silence assumé du profond de l’iris,
Ce calme bienfaisant où l’autre est un calice
Dans lequel on peut boire et prendre son essor.