Intuitions

Ce n’est pas tous les jours que l’on sent naturels
Les mots et les regards qu’une femme vous porte
D’autant quand la prunelle ardente et toute accorte
Confère à cet instant un charme intemporel.

Ce n’est pas tous les jours que l’on croise une étoile
Qui berce nos journées d’une voix envoûtante
Et caresse nos nuits d’étreintes haletantes
Comme un peintre à la main composerait sa toile.

Ce n’est pas tous les jours qu’un désir sans limite
Comme un verre sans fond invitant à l’ivresse
Prend racine en notre être en grand flots d’allégresse
Et bouillonne avec force en l’intime marmite.

Ce n’est pas tous les jours que l’on se sent bâtir
Des châteaux d’arcs-en-ciel, secrets plein de magie,
Qui,les soirs d’ouragans nous donnent l’énergie
De se réjouir alors du temps qui fait pâtir!

C’est encore moins souvent qu’un millier de détails
Nous troublent sans raison et en constellations
Éclairent chaque jour sans affabulation
La vie qui trop souvent nous meut dans des batailles…

Noël

Les archers, dans la nuit, font valser langoureux
Vos esprits en mon cœur et je vois au dehors
Des paillettes glacées parées de reflets d’or
Voltiger dans les airs en ballets vigoureux.

Je ferme alors les yeux et Chopin au piano
Elégant fantaisiste illumine les lieux
M’offrant votre chaleur et l’on ne pourrait mieux
Sentir votre présence au bout de ces canaux
Qu’il ouvre dans mon âme en accords harmonieux.

En ronde nous dansons sur un lac enneigé,
Les cygnes dans leur grâce accueillent notre fête
Et posent, distingués, de grands loups sur nos têtes ;
Leur souffle nous indique au loin la mer Egée :
Pourrions-nous voyager jusqu’aux trésors de Crête ?

Ou bien tout simplement à l’abri des dangers
Rire et puis partager dans nos grandes assiettes
Tous les succulents mets dont on ne laisse miette ?
La lune n’oserait pour rien nous déranger !

Jouissons du feu ardent qui consume nos chairs
En ce jour de Noël hors du temps citadin :
La ferveur des pensées, celle des paladins,
Anime notre joie de mille et un éclairs !
Vous m’accompagnez tous, pareils aux astres clairs
Et je sens votre Amour, aussi doux que le daim,
Répandre puissamment ses bienfaits dans mon air.

A l’âme

La vie est un dédale où les êtres s’engouffrent,
Si bien que peu à peu ils oublient leur chemin
Pensant que tôt ou tard viendra la douce main
Qui de compassion relève ceux qui souffrent.

Mais de doigts il n’y a que celui du destin :
De la haine à la joie il passe par l’ennui,
Ô toi ! Mon cher poète avais-tu dans tes nuits
Deviné que plus fourbe encore en l’intestin
Grouillait un malicieux, monstre si délicat
Qu’il ne peut se trouver qu’aux confins d’un iris ?
Labyrinthe introuvable où l’entrée se fait lisse,
Avais-tu pressenti qu’en l’autre il se trouva ?

Lorsque l’on veut chérir la moitié de son cœur,
Avec force esquiver d’incroyables issues,
Pour trouver réconfort, n’est-il pas incongru
De subir cet Amour qui ronge avec horreur.

C’est de lui qu’il s’agit d’un panache élégant,
Hâtons-nous de rêver qu’il serait arc-en-ciel
Sans noir ou bien sans gris juste pour son doux miel
Chaussons sans plus attendre un de ses plus beaux gants

Noirceurs Parisiennes

Univers ambigu renversant les tabous,
Ton atmosphère étrange entretient les esprits
D’une quête assoiffée ne connaissant de prix !
Mais quel Démon coquin les fait tenir debout ?

Cadences endiablées des galères Romaines
Aux accents lancinants tout aussi fracassants,
Vos rythmes aliénants et pourtant peu dansants
Voient de nouveau le jour dans la boîte inhumaine…

Oh ! Pantins bien charnels dénués de raison :
Que de pitié j’éprouve en scrutant la candeur
De vos faits amoureux empruntant les odeurs
A la bestiale envie de la folle saison !

Vos âmes payeront la douloureuse histoire
Née d’un affreux brouillon de lyres métalliques,
De falsifications, d’attirance électrique
Germés dans l’inconscient le temps d’un sombre soir…

Mirages…

Ô vapeurs de l’Eté ! Ô sulfureuses danses !
Votre chaleur m’enivre et dans vos douces flammes
Un fantasme s »esquisse en de diablesses femmes
M’incitant à venir d’une maligne absence

Ne sachant résister aux appels amoureux
Je les laisse attiser mes ardeurs tempérées…
Pouvoir les approcher serait inespéré :
Leurs images ne sont que contours vaporeux.

Délicieuses visions, réelles distorsions ?
Devrais-je user pour elles, en tuant, de mon glaive ?
La folie pour ces anges avatars de mes rêves ?

Mon esprit ensablé victime d’obsessions
Ne peut donc être libre et détruire ces chaînes
Qui me lieront à vie aux côtés de ces reines.

Célébrité

Une heure, une minute, une seconde : enfin !
Le rideau se soulève et je deviens acteur ;
Finis les battements qui affolaient mon cœur,
Devant les projecteurs j’accomplis mon dessein.

Jeu de jambe précis, verbe mélodieux,
Je fais vivre le texte et mes lèvres s’enflamment
Au génie de Racine auquel je tends mon âme :
Peut-être attirerai-je un jour le vent des Dieux ?

Si justement ce vent, divin, libérateur
Soufflait sur mon plancher pour ravir le public
Alors célèbre enfin d’Asie en Amérique
Je serais applaudi pour mes talents d’acteur.

Cependant de théâtre il n’y a que ma chambre,
Le texte n’est qu’un livre étendu sur mon lit,
Je scrute quatre murs sur lesquels en folie,
Mon public accroché, des cieux me fait des cendres.

Floraison fruitée

Toi femme du matin aux beautés picturales,
Tes seins gorgés d’amour, d’une ombre sculpturale
Caressent mon regard, et ton corps tout entier,
Incroyable vaisseau proclame ses quartiers.

Toi femme du midi aux beautés plus charnelles,
Mon cœur est le bastion de nos jeux passionnels :
Au zénith c’est le feu, triomphant qui prépare
Les mets les plus exquis comme on goûte un nectar.

Oh! Toi femme du soir, raffinée, si fatale,
Ta beauté n’a de nom que l’éclat des pétales
Aux parfums envoûtants, la nuit dans Pampelune,
Revêtant la rousseur des reflets de la lune

Exceptionnelle plante aux vertus savoureuses
Tu ne dors donc jamais et reste fabuleuse
Par-delà les saisons tes feuilles te préservent
Et c’est admiratif qu’en amant je conserve
Tes tableaux, tes senteurs et ta peau si pulpeuse

Une larme

Je souffre de ne pas pouvoir laisser aller
Mes sentiments vers celle auprès de qui je veux
Dédier tout mon temps et exposer mon vœu
De vivre à ses côtés sans alors l »affoler.

Elle a peur de mon être et de ses envolées
Lyriques lorsque j’ai le besoin de la voir
Mais j’aimerais pourtant, entier, ne pas avoir
A freiner mes ardeurs au lieu de convoler.

Une larme a coulée de mes yeux médusés
Ce soir où maladroit je vins pour la surprendre,
Une larme a coulée : j’étais désabusé
Lorsqu’elle n’a voulu accepter mes mots tendres…

Ronde éternelle

Je t’aime ô toi la vie, je t’aime ô harmonie,
Tu me donnes l’envie, l’envie d’aimer les fleurs,
M’élèves en douceur avec parcimonie,
Moi qui ne suis qu’un homme, un homme empli d’erreurs
Tu m’offres l’odorat pour goûter tes senteurs…

Je t’aime ô toi la vie, je t’aime ô délicieuse
En enfant tu m’émeus, m’émeus en mon doux cœur
Et m’envoie enchantée, la femme radieuse,
Moi qui ne suis qu’un homme, un homme en tout malheur
Tu m’offres le toucher pour avoir ta candeur…

Je t’aime ô toi la vie, je t’aime ô festival,
Si tôt j’ouvre les yeux, les yeux sur mon humeur
Que tu me fais danser au sein du plus beau bal,
Moi qui ne suis qu’un homme, un homme fait de heurts
Tu m’offres le regard pour croquer tes saveurs…

Je t’aime ô toi la vie, je t’aime ô ambroisie,
Tu me berces gaiement dans tes flots de bonheur
Et j’apprécie tes mets d’Europe ou bien d’Asie,
Moi qui ne suis qu’un homme, un homme avec ses peurs
Tu m’offres tous tes goûts pour jouir de ta fraîcheur…

Je t’aime ô toi la vie, je t’aime ô symphonie,
Tu es à mon écoute et m’aide en ta chaleur,
Tes chants de réconfort m’apportent mille envies
Moi qui ne suis qu’un homme, un homme de douleurs
Tu m’offres ta douce ouïe pour être ton sauveur…

Salé Sucré

Nantes la superbe était un doux refuge
Et la France en son sein m’a logé bienveillante,
Belle alcôve onirique où, glisser sur la pente
Ne vous mène séant à la robe d’un juge.

J’ai gardé de la ville un souvenir diffus
Pour n’avoir découvert tous ses charmes secrets.
Peut-être aurais-je du me rendre moins discret,
M’émerveiller de tout, sans cesse être à l’affût ?

Le temps était pour moi un étrange diner.

Oui ! J’ai eu cet honneur : parler avec un Ange…
Et il m’a confessé lors de nos discussions
Que d’Amour pour mon être il en était question.
Mon âme a voyagé bien au-delà du Gange.

Les secondes pour moi avaient un goût sucré.

Oui ! J’ai eu ce malheur : entendre de la voix
De celle que j’aimais la fin de notre histoire :
Se rendre à l’évidence, éteindre tout espoir
Etait alors pour moi la meilleure des voies.

L’addition de six ans avait un goût salé.

Voltaire avait son art pour clamer la nuance
Je veux en son honneur la raviver encore
Et pour cela montrer comment varie l’accord
Des mets du quotidien qui nourrissent la panse.

Un jour tantôt sucrés un autre plus salés
Ils peuvent en un instant étonner vos papilles:
Déployer la douceur de la fleur de vanille
Aussi bien que l’aigreur d’un pistil d’azalée.

La vie est un diner qu’il faut réinventer