Au-delà

Aux abords de la ville un vieillard croupissait.
Alors que dans le froid son cœur s'assoupissait,
Un passant qui le vit lui proposa de l'aide.
Mais trop tard, car son corps, de glace était tout raide…

Les yeux de cet ancêtre étaient d’un bleu glacial
Et l’homme qui debout observait ce corps blanc
D’une larme arrosa le lit qu’était son banc :
Pour toujours il quittait le Monde où tout fit mal…

Ce sage en son repos commençait un voyage
Que nul autre en sa chair n’aurait pu supposer…
La lumière embaumait ses peaux décomposées
Pour ainsi le guider vers un autre rivage.

Au gré du vent céleste il redevint jeune homme,
Retrouvant au hasard des magies sidérales
Les femmes qui jadis aux forêts domaniales
Offraient à ses baisers les douceurs de leurs formes

Il avait oublié sa profonde misère,
Des actes humiliants son âme était lavée
Et jamais, plus jamais, il n’irait à la guerre :
La paix serait en lui comme il l’avait rêvée !

Serein, contemplatif, il jugeait du décor :
Ses yeux sur les beautés de leur bleu murmuraient
Qu’aux portes de l’Eden le silence est trésor
Pour qui sait être heureux du futur qu’il n’avait.

Des anges et des Saints l’accueillaient cœurs ouverts
Et son esprit soudain, de joies fut envahit,
Laissant ses sentiments jouer à découverts
Et rencontrer enfin le Divin, ébahis.

Aux abords de la ville un vieillard sommeillait
Alors que dans le froid son cœur s’ensoleillait.
Un passant qui le vit comprit tout son bonheur,
Et jamais il n’aurait de la mort quelque peur.

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